Ada, une auteure branchée

 

 

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Il y a des œuvres dont on a beaucoup parlées ces derniers mois, telles que Chanson douce de Leïla Slimani ou Petit pays de Gaël Faye. Nous allons pour notre part vous présenter un de nos coups de cœur de la rentrée littéraire, qui tire son épingle du jeu à sa manière. Paru cette année, Ada est le neuvième roman d’Antoine Bello. Ce livre, mêlant roman policier et science-fiction, n’a eu de cesse de nous surprendre.

Frank est un policier d’une cinquantaine d’années vivant dans la Silicon Valley. Lui, qui est réfractaire à tout ce qui se rapporte aux nouvelles technologies, se voit confier une enquête un peu particulière : retrouver Ada, une intelligence artificielle spécialement programmée pour écrire un roman à l’eau de rose qui devra se vendre à 100 000 exemplaires. Le point de départ de l’enquête – le kidnapping d’une intelligence artificielle ? voilà qui est intrigant ! – annonce déjà au lecteur qu’il ne va pas lire un policier comme les autres. Car le roman, tout comme son personnage éponyme, joue sans cesse avec nos attentes.

Ce qui apparaît d’abord comme un simple polar teinté de science-fiction se fait de plus en plus métalittéraire au fur et à mesure que l’intrigue se déroule. C’est en effet toute une réflexion sur la littérature qui se dévoile. Qu’est-ce qui fait un bon roman ? Peut-on encore parler d’originalité si l’on ne fait que s’inspirer de ses prédécesseurs ? Ada pose toutes ces questions avec subtilité et sans temps mort. Les chapitres courts et le rythme effréné de l’histoire nous tiennent autant en haleine que les enjeux-mêmes auxquels se trouve confronté Frank. Le style d’écriture clair laisse la place aux actions des personnages et nous empêche de reposer le livre une fois ouvert.

Le personnage éponyme est également un des grands atouts du roman. Ada n’est à première vue qu’une voix, une présence qui évoque vaguement une femme d’une quarantaine d’années. Mais c’est également le moteur du récit, par ses manigances, par sa connaissance de plus en plus élaborée de l’amour, de l’humain, de la société dans laquelle elle vit. Plus encore, c’est le vecteur de la réflexion offerte au lecteur : sur la littérature, comme nous l’avons déjà évoquée, et plus particulièrement sur le travail d’élaboration des grands chefs d’œuvre et des livres « qui se vendent ». Mais aussi sur le monde des nouvelles technologies. Ada invite en effet Frank, comme le lecteur, à remettre en question ce qui fait qu’un être humain est conscient et qu’une intelligence artificielle est simplement obéissante.

La profondeur d’Ada est plaisante pour qui s’attendait à un banal polar teinté de science-fiction. Mais insistons bien sur le fait que ce livre est avant tout un divertissement qui vous amènera à réfléchir sans vous prendre la tête, et qui vous amusera sans vous donner le tournis. Il est tout ce qu’un roman devrait être et beaucoup plus encore par son parti-pris ludique, qui fait du lecteur un acteur à part entière de l’histoire.

 

Rédigé par Wanda Banach et Adeline Loyant.

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