Pourquoi faut-il attendre plusieurs mois avant qu’un manga japonais soit publié en France ?

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      C’est une question que beaucoup de lecteurs de mangas se posent. Il est en effet difficile pour tout amateur de cette forme de bande dessinée de devoir attendre deux mois (dans le meilleur des cas) avant de connaître la suite de l’histoire, surtout lorsque l’on sait qu’elle a déjà été publiée au Japon. Mais si les délais entre la parution japonaise et française sont si longs, ce n’est pas par plaisir sadique des éditeurs de faire attendre le lecteur. Publier un manga prend du temps et ne dépend pas uniquement du bon vouloir de l’éditeur.

La première chose à savoir est qu’un éditeur français ne pourra presque jamais publier un manga en même temps que le Japon. La plupart des mangas paraissent d’abord dans des magazines de prépublication. À chaque numéro le lecteur vote pour ses séries favorites. Si une histoire n’a pas suffisamment de voix, elle est aussitôt arrêtée. Au début de la parution du manga, le mangaka (nom donné aux auteurs de mangas) n’a donc réalisé que les premiers chapitres. Ce dernier élément, ajouté au fait que le manga peut être stoppé à tout moment, ne permet pas aux maisons d’édition françaises de faire découvrir le manga au public français en même temps qu’au public japonais. Cela serait prendre des risques financiers et ne pas garantir au lecteur d’avoir la fin de sa série si elle s’arrête avant au Japon.

Les éditeurs attendent donc de savoir si le manga devient populaire et la publication des volumes reliés au Japon, avant d’envisager de réaliser une version française. Lorsqu’un manga devient très populaire, différents produits dérivés vont être créés : films, animés, figurines, jeux vidéo, etc. Plus il y a de produits dérivés, plus le manga a de chances d’être connu du lectorat. À ce moment-là, l’ouvrage devient réellement intéressant pour l’éditeur français qui entreprend alors les démarches nécessaires pour obtenir la licence.

À partir de cet instant débutent les négociations qui peuvent prendre plusieurs mois. Ensuite, il y a la rédaction du contrat, la signature et l’envoi des exemplaires japonais avec lesquels l’éditeur va pouvoir travailler. La traduction du manga prend en moyenne entre trois et quatre semaines, puis il faut vérifier la traduction. Si elle est correcte, elle est envoyée au retoucheur/lettreur qui va également travailler sur le manga en moyenne entre trois et quatre semaines. Une fois cette étape réalisée, l’éditeur doit encore tout vérifier une dernière fois avant d’envoyer le livre à la fabrication. Il faut bien compter un mois de délai d’impression car il faut prendre en compte le temps de validation du BAT (bon à tirer) et la possibilité qu’il y ait des problèmes d’impression.

Enfin, même si ce n’est pas l’éditeur lui-même qui traduit et retouche entièrement le manga, il participe à ces étapes. Il ne peut donc pas s’occuper de beaucoup de mangas en même temps. Bien sûr, le nombre de mangas attribués à chaque éditeur par mois dépend de plusieurs critères : potentiel de vente, nombre de sorties, nombre de volumes de la série, etc. Aux éditions Pika, par exemple, un éditeur s’occupe en moyenne de trois à quatre mangas par mois.

Pour toutes ces raisons il est difficile pour l’éditeur de publier un manga de la même série tous les mois, voire toutes les deux semaines comme certains lecteurs le souhaiteraient. Cependant, des solutions face à ce problème de délai et de scantrad (système consistant à scanner des mangas, à les traduire et à les diffuser sur internet gratuitement et illégalement) tentent d’être mises en place via la publication simultanée en numérique.

Rédigé par Mathilde Robert

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